la Chapelle du Fraisse inspire les artistes

A LA CHAPELLO DEI FRAISSO

Davans la vieio chapello
Qu'un eire imènse enmantello
De garlandos e festuons,
Lous Felibres à la roundo
S'acampn dintre la broundo
Sus lei ros e los gazouns.

A l'entour l'auro zounzouno,
E las coulours de l'autouno
Dauron roures e faiards
Dei tèms que las pouësios
Bresson de lurs armounios
Ciéutadins e mountagnards.

Car aqui lou soulèi bagno
Païsans de la mountagno
Como ponots e doutours,
Et, reviscoulado et libro,
L'amo velaienco vibro
A l'ounissoun, sous las flours.

Paure oubrié de la vilo
Que dins la guerro civilo
Vos querre l'egalita,
Es eici dins lou terraire
Ounte encaro viéu toun faire,
La santo fraternita !

Eis eici dins l'acampado
D'aquelo claro journado
Oute fiéu dei meme sou
S'assemlon dins la valengo
Pér parla la memo lengo,
Lour lengo de mountagnou.

Eici, pas de crid de mort.
Chascun, countènt de soun sort,
Gardo qu'uno idèio en tèsto:
Rèndre meiour soun oustau
E pu large soun fougau
Pèr se gara de tempèsto !

Urous lou fiéu de ta terro
Que saup sus lavo austèro
Viéure la vido d'antan !...
Ei un sage entre lous sages,
E, soulet, reviéu lous ages
Dei tèms d'Abel e Adam !

A LA CHAPELLE DU FRAISSE

Devant la vieille chapelle
Qu' un paysage immense habille
De guirlandes et de festons,
Les félibres à la ronde
Se rassemblent parmi les bourgeons
Sur les rochers et les gazons.

Alentour le vent susurre,
Et les couleurs de l'automne
Dorent les chênes et les hêtres
Pendant que les poésies
Bercent de leurs harmonies
Citadins et montagnards,

Car ici le soleil baigne
Paysans de la montagne
Comme gens du Puy ou d'alentour,
Et, revivifiée et libre,
L'âme vellave vibre
A l'unisson, sous les fleurs.

Pauvre ouvrier de la ville
Qui dans la guerre civile
Veut chercher l'égalité,
Tu es ici dans le terroir
Où ton frère vit encore
La sainte fraternité !

Tu es ici au rassemblement
De cette lumineuse journée
Où les fils d'un même sang
S'assemblent dans le vallon,
Pour parler la même langue,
Leur langue de montagnard.

Ici, point de cri de mort,
Chacun, content de son sort,
Ne garde qu'une idée en tête:
Rendre meilleure sa maison
Et plus grande sa cheminée
Pour se préserver de la tempête !

Heureux le fils de ta terre
Qui sait par sa vie simple
Vivre la vie d'autrefois!...
C'est un sage entre les sages,
Et, seul, il revit les âges
Du temps d'Abel et Adam !

Poème d'Albert Boudon-Lashermes, traduit avec l'aide du club de patois de Saint-Pal de Mons.

La chapelle

VOIS, ME DIT-ELLE...

Vois, me dit-elle (ma mère) un jour, ce manoir triste et sombre
Qu'on aperçoit d'ici presque caché dans l'ombre
De ces immenses bois aux rameaux toujours verts
Que la neige blanchit pendant nos longs hivers,
Regarde, ce fut là, dans ce lieu solitaire
Le berceau d'un héros que le pays vénère
Et que la France entière envie à nos côteaux,
Son nom ne mourra pas; ce fut Jourda de Vaux

Digne de son vieux sang et fier de caractère
Il voulut des combats embrasser la carrière
Il fut juste, sévère, intrépide et vaillant,
Et bientôt on le vit briller au premier rang,
La Corse, par son bras fut soumise à la France
Depuis trois mois cette île était en sa puissance
Quand le grand empereur naquit sujet français.

Quoique De Vaux marchât de succès en succès
Il n'oublia jamais sa modeste demeure,
Bien plus quand il sentit venir sa dernière heure,
Il voulut que son corps reposât en ces lieux
Dans les mêmes caveaux où dormaient ses aïeux,
C'était, avait-il dit, pour que loin de la ville
Son souvenir servit d'exemple à sa famille.

Déja Julien l'artiste (1) apprêtait ses ciseaux
Pour faire un monument digne de ce héros
Quand des hommes sans cœur, dans le grand cataclysme
Se livrant aux excès d'un affreux vandalisme
Et promènent partout la rapine et le deuil
Ne virent que le plomb qui couvrait son cercueil,
Ils le brisèrent, puis dans une rage cruelle
Ils jetèrent au vent sa dépouille mortelle,
De ses restes, plus rien... De Vaux fut le dernier
Des barons d'Artias et de Roche en Reynier

auteur inconnu

Jourda de Vaux

Jourda de Vaux, portrait

P. Julien

Sculpture de P. Julien ( né à St Paulien en 1731, mort à Paris en 1804 fut un des plus grands sculpteurs du XVIII )

Peinture chapelle

Tableau à l'huile de Marcel Royer

LA CHAPELLE DU FRAISSE

Non canimus surdis : respondent omnia silva. Virgile
Nous ne chantons pas pour les sourds : les forêts répondent en tout

Virgile a fait cette épigraphe
Pour le décor de l'autre jour.
L'arbre répond.... Nul n'était sourd...
Ni le tombeau sans épitaphe
Qui reposait en ce séjour
Avec ses cendres inconnues
Ni les filles des champs venues
Ni l'oiseau passant dans les nues
Ni l'écho répétant le chant du troubadour...

Pour le décor de l'autre jour,
Virgile fit cette épigraphe.

Ni le paladin endormi
Dessous la stèle dure et grise
Emmy l'herbe, heureusement gît,
C'est qu'il est bercé par la brise,
C'est que parfois, en ce séjour,
Le rossignol chante Mâtines,
Le grillon répond en sourdine...
Ils ne chantent pas pour un sourd!
Les morts entendent bien les chants des troubadours,

Et le paladin sous sa stèle
A senti l'éventer une aile
Dans le décor de l'autre jour.

Cependant tout était tranquille;
Des chiens, des femmes, des enfants,
Des sarreaux bleus de paysans...
Comme on était loin de la ville!...

Un porche, une ogive, un ravin
A la perspective profonde...
Un murmure indécis, lointain
De vent, de gazouillis ou d'onde...

Un ambitieux poète eut choisi ce décor
Pour écouter chanter encore
Les cordes de sa tendre lyre...
Et moi, pauvre, humble, émue, hélas! que faut il dire
En écoutant chanter mes vers en ce décor?...

Elisabeth Magnin ( peintre miniaturiste et poète, née à Aurec en 1878, décédée en 1946 )

Gamin

LE " SAUT DU CHIEN "

C'est un beau soir d'avril ; le clair printemps exhale
Ses parfums capiteux ; dans l'air pur et vibrant
De blanches fleurs des champs offrent leurs frais pétales
Au soleil lumineux qui vient les caressant.

Dans les lointains dorés le joyeux coucou chante,
Mêlant son doux appel au murmure du vent
Dont la plaintive voix l'accompagne et m'enchante...
Quel magique concert!...et combien émouvant!...

Dans le sous bois tout près, lançant sa claire aubade
Un oiselet charmeur gazouille éperdument...
Reviens au "saut du chien ", belle et fraîche cascade,

Te reposer du bruit dans le jour déclinant ;
Lorsque tu rentreras tard de ta promenade
Tu trouveras meilleur le foyer qui t'attend.

Jeanne Barthélemy

Aquarelle chapelle

LES GORGES DU RAMEL

N'en pas parler, serait omettre
Un des endroits les plus fameux
Qu'en Haute Loire on doit connaître,
Torrents aux flots très écumeux.

Dans ses gorges profondes,
Même à pic quelquefois,
Le bruit léger des ondes
Se perd au sein des bois.

De sa source à la Loire
C'est un décor divin.
Qui pourrait jamais croire
Aux splendeurs d'un ravin ?

Allez donc aux Esclunes,
Escaladez ses rocs;
Vous rirez bien des dunes
Dans l’abîme et ses cros !

De Beaux à l'embouchure
Vingt clichés merveilleux
Orneraient la brochure
Qui décrirait ces lieux.

Eugène David ( in : "Fleurs Vellaves et Stéphanoises " 1938)

Aquarelle chapelle